1858 Ltd : l’Art de collectionner
1858 Ltd est une société de conseil internationale, partenaire de Société Générale Private Banking. 1858 Ltd propose une expertise indépendante et des services spécialisés dans les domaines de l'art, de la gestion de patrimoine artistique, des voitures de collections, vin, montres et collaborations avec le monde de la mode. Viola Raikhel-Bolot, co-fondatrice de 1858 Ltd et directrice du conseil en art international, et Céline Fressart, Conseillère en Art senior et Directrice des projets spéciaux brossent un panorama de la vie d'une collection, de sa constitution à sa transmission, commençant par nous présenter la raison d'être de toute collection : le collectionneur. Entretien avec Laurent Issaurat, Responsable du Service Art Banking de SGPB.
Céline Fressart et Viola Raikhel-Bolot
Céline Fressart : Si l’on se réfère au Larousse, un collectionneur est "une personne qui a la passion de collectionner, qui réunit des objets en collection, en grand nombre". La définition reste large, avec pour effet que tout un chacun peut se considérer collectionneur, ce quel que soient le type de collection, le pays, ou l’époque. Collectionner est une passion tant universelle qu’intemporelle.
Viola Raikhel-Bolot : Il y a autant de types de collectionneurs que de passions et de sensibilités individuelles. Le marché de l’art étant sans égal au niveau de la variété des œuvres et objets qui le composent, une passion pourra s’exprimer de façon totalement différente d’une personne à l’autre. Certains collectionneurs préfèrent se concentrer sur un médium précis (par exemple la photographie ou la sculpture), d’autres sur une géographie (comme, par exemple, l’art africain ou l’art contemporain chinois), un mouvement (les impressionnistes, les femmes sculpteurs). Il y a même des collections tournant autour d’une seule marque, de montres ou de vin. Il y a malgré tout un dénominateur commun, un sentiment que l’on retrouve chez les collectionneurs débutants comme chez les aguerris : c’est l’excitation que confère l’acte de collectionner, et c’est cette même excitation qui va servir d’émulateur auprès des collectionneurs aspirants. Lorsqu’on débute une collection, il est important de s’interroger sur son essence, sur le fil rouge que l’on veut suivre – lequel pourra bien entendu évoluer avec le temps. Un facteur déterminant est également le budget que l’on veut consacrer à sa passion. Il est toujours utile de définir une limite pour commencer, sachant que celle-ci pourra également être amenée à changer au fur et à mesure des acquisitions.
CF : L’acquisition d’une œuvre d’art ne diffère que peu des autres achats d’importance que vous pourriez faire. Elle doit être basée sur le goût, correspondre à une idée conductrice, mais aussi et surtout elle doit faire appel au bon sens et reposer sur une bonne compréhension du marché de l’art. Le coup de cœur ne doit pas justifier n’importe quel prix. Lorsque vous achetez une œuvre dans une galerie, une maison de vente, ou directement à un artiste, posez-vous les bonnes questions : ce vendeur est-il digne de confiance ? L’œuvre est-elle authentique ? La provenance est-elle complète et vérifiable ? Le prix demandé est-il en ligne avec le marché ?
VRB : Pour moi, faire entrer une œuvre chez soi est comme ramener son nouveau-né de l’hôpital pour la première fois. Lorsque que vos œuvres entrent chez vous, c’est un moment merveilleux mais accompagné d’une grande responsabilité. Il faut, entre autres, s’assurer qu’elles sont en sécurité : méfiez-vous du soleil direct, des accrochages risqués comme par exemple sur les cheminées, dans les cuisines ou les salles de bains. De nos jours, il y a pléthore de plateformes permettant de montrer une collection en ligne et de façon confidentielle. Les réseaux sociaux n’en font pas partie. Lorsque vous choisissez de montrer vos œuvres en ligne, réfléchissez à ce que cela signifie en termes de sécurité, pour vous et vos actifs. Si vous souhaitez vendre un objet de collection, notez bien qu’augmenter la présence d’une œuvre en ligne peut être préjudiciable. Lorsque nous aidons nos clients dans des processus de vente, nous mettons en place une stratégie sur mesure qui va éviter une circulation de l’œuvre sur internet ; la discrétion est un point capital dans le cadre d’une vente privée. Et puis il y a d’autres pistes à explorer pour montrer une collection, comme en faire un livre (à but académique ou un « Beau Livre »), ce que nous avons déjà fait pour plusieurs clients. Prêter vos œuvres à des musées est bien sûr aussi une option.
CF : Assurez-vous de surveiller régulièrement la valeur de vos œuvres ainsi que leur état de conservation – ou demandez à un professionnel de faire ce travail. De cette façon, si un sinistre arrive, vos œuvres sont protégées au mieux. Documentez vos œuvres, faites des recherches afin de les connaître sous toutes les coutures et en faire ressortir ce qui est unique. Racontez l’histoire autour de votre collection, prêtez vos œuvres, même si c’est dans un musée local. Tout cela permet de mettre une collection en valeur.
VRB : Nous sommes actuellement actifs en Europe, Australie, et aux Amériques comme gestionnaires de collection pour des collectionneurs importants. Notre rôle : améliorer la collection, sa vie et son maintien en mettant tout en œuvre en termes d’actualisation d’inventaire, estimations, couverture d’assurance, coordination logistique, rapports de conservation, plans d’urgence, encadrement, photographie, documentation, etc. Tout cela vise à préserver et optimiser la valeur de la collection. La gestion de collection comprend également l’accompagnement lors de transactions, lorsque le collectionneur souhaite acquérir ou céder des œuvres. Pour résumer, nous sommes engagés par un collectionneur pour qu’il -ou elle- puisse se concentrer sur sa passion, sans avoir à se préoccuper des aspects pratiques qu’entraîne celle-ci.
CF : Selon notre expérience, c’est au contraire moins risqué que de laisser ses œuvres chez soi, surtout si elles ne sont pas assurées, accrochées « à la va-vite », dans des endroits à risques, et que personne ne les regarde plus de près depuis longtemps ! Les musées vivent grâce aux prêts : ils mettent par conséquent en place toutes les précautions imaginables pour que les prêts se fassent dans les meilleures conditions possibles. Cela inclut en général des prestations qu’il est essentiel de vérifier en amont : le transport de l’œuvre par des professionnels de la logistique de l’art, l’assurance. Mais il faut voir plus loin : une fois exposée, l’œuvre fait l’objet d’un travail de recherche, est publiée dans des revues académiques, catalogues d’exposition, ce qui rend l’œuvre plus désirable aux yeux du public et des autres collectionneurs, augmentant par-là même sa valeur. Bien entendu quand on pense à un prêt à un musée, on pense également aux unes des médias concernant ici un spectaculaire vol d’œuvres, là une sculpture endommagée par un visiteur maladroit… Cela arrive, mais c’est extrêmement rare – d’où d’ailleurs les gros titres !
CF : Si la passion est partagée, le savoir autour de la collection et du marché y attenant aura probablement aussi été partagé naturellement. Mais par expérience, les passions restent souvent très personnelles. La majorité des collectionneurs se voit ainsi confrontée à deux choix : utiliser leur réseau et vendre de leur vivant, ou, plus rarement, faire don de leur collection à une institution ou un musée. Les deux permettent de clore le cycle de la collection et constituent son apogée, tout en délestant les épaules de la génération suivante du poids lié à un tel héritage. Car pour les héritiers, lorsque la passion n’est pas partagée il s’agit bien d’un fardeau à porter. Ajoutez à cela les problèmes assez courants de provenance incomplète, de méconnaissance totale du sujet et de la valeur des objets… tout cela arrivant lors d’un deuil, à un moment où il y a bien d’autres priorités que le hobby incompris, parfois méprisé, de leurs parents. Dans de tels cas, les experts sont là pour accompagner collectionneurs ou héritiers, les aider à profiter de la collection indirectement ou indirectement, mais toujours de façon optimale.
VRB : En tant que femme dans le monde de l’art, un de mes modèles a toujours été Farah Pahlavi, la dernière Impératrice d’Iran. Cette fascination m’a menée à en savoir plus sur sa vie, me documenter au point de devenir co-auteur du livre "Iran Modern: The Empress of Art" – le récit ultime de sa vie de collectionneuse et du pouvoir intemporel de l’art. Avant la Révolution de 1979, l’Impératrice Farah Pahlavi a constitué une des plus importantes collections d’art moderne et contemporain occidental, à l’extérieur des Etats-Unis et d’Europe, d’un oeil avisé, entourée de Sotheby’s, Christie’s et du Metropolitan Museum de New York, achetant des chefs d’œuvre de Van Gogh, Picasso, Bacon, de Kooning… Elle a également mis sur le devant de la scène une génération de jeunes artistes iraniens, a visité les ateliers d’artistes dont Henry Moore et Marc Chagall, commissionné des œuvres à un Andy Warhol encore en devenir, l’a invité au Palais Royal, tout cela pour faire de l’Iran un pays d’avant-garde. Puis en 1979 l’inimaginable arriva, et l’Iran postrévolutionnaire n’eut plus rien en commun avec le précédent. Mais depuis, même en exil, Farah Pahlavi continue de soutenir la création en Iran. Telle est la force de l’art qu’elle peut définir l’héritage d’un pays et d’une femme.
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